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PHARAMSTER Un regard officinal indépendant sur les médicaments

Les effets délétères des boissons sucrées sur cerveau et la mémoire

27 Avril 2017 , Rédigé par Amster Publié dans #LECTURE OFFICINALE

Les effets délétères des boissons sucrées sur cerveau et la mémoire

Sources :

1- Publication : Matthew P. Pase, Jayandra J. Himali, Alexa S. Beiser, Hugo J. Aparicio, Claudia L. Satizabal, Ramachandran S. Vasan, Sudha Seshadri, Paul F. Jacques

«Sugar- and Artificially Sweetened Beverages and the Risks of Incident Stroke and Dementia

A Prospective Cohort Study »

2- Stroke. 2017;STROKEAHA.116.016027 Originally published April 20, 2017

Interview de Matthew P. Pase « Daily Consumption of Sodas, Fruit Juices and Artificially Sweetened Sodas Affect Brain»

3- IMPACT DES BOISSONS SUCREES SUR LE DIABETE & LE SYNDROME METABOLIQUE in Pharamster 23 novembre 2010

4- IMPACT SUR LA SANTE DES BOISSONS GAZEUSES OSTEOPOROSE & CANCER DU PANCREAS in Pharamster le 19 février 2010

 

       En 2010 sur ce même blog nous avions déjà rapporté et commenté les effets délétères des boissons sucrées, à savoir : diabète, syndrome métabolique, ostéoporose et cancer du pancréas [3,4]. Cette nouvelle étude de la Boston University School of Medicine vient décrire des effets inédits et dangereux de ces boissons sur le cerveau et la mémoire [1].

 

   Objectif de l'étude :

   On sait que l’apport de boissons sucrées ou édulcorées artificiellement est lié à des facteurs de risques cardiométaboliques. Dans cette étude les auteurs ont cherché à savoir si la consommation de ces boissons était associée ou non à des risques potentiels d'accident vasculaire cérébral.

 

    Méthode : 

Les auteurs ce sont basé sur la Framingham Heart Study Offspring cohort.

NB : L'étude de Framingham est une étude épidémiologique au long cours, dont l'objet initial était les maladies cardiovasculaires, elle est considérée dans la communauté scientifique comme d'un excellent niveau.

Les auteurs ont étudié sur plus de dix ans 4372 cas :

  • 2888 participants âgés de plus de 45 ans inséré dans l’étude pour accident vasculaire cérébral (âge moyen 62 ans, dont 45% hommes)
  • 1484 participants âgés de plus de 60 ans inséré dans l’étude pour la démence (âge moyen 69 ans, dont 46 % Hommes).

L'apport en boissons a été quantifié à l'aide d'un questionnaire sur la fréquence de consommation.

Les participants ont accepté de se soumettre à des tests cognitifs ainsi qu’à des examens d'imagerie par résonance magnétique (IRM).

 

   Résultats : 

Après des ajustements liés à l'âge, le sexe, le comportement (pour l'analyse de la démence), l'apport calorique, la qualité du régime alimentaire, l'activité physique et le tabagisme, les auteurs on constaté qu’une consommation cumulative et élevée de boissons gazeuses sucrées, ou artificiellement sucrées, était associée à :

  • un risque accru d'AVC ischémique,

  • une augmentations des cas de démence toutes causes

  • une augmentations des cas de démence liées la maladie d'Alzheimer.

En comparant cet apport cumulatif quotidien versus une absence totale de consommation, les taux de risque étaient de : 

  • 2,96 (intervalle de confiance de 95%) pour l'AVC ischémique

  • 2,89 (intervalle de confiance de 95%) pour la maladie d'Alzheimer.

Au cours de l’expérimentation, les chercheurs ont pu observer que ceux qui buvaient au moins 2 verres de jus de fruits, de limonade ou de soda par jour, ou 3 verres de soda par semaine présentaient un volume cérébral inférieur à la moyenne.

 

Pire encore ; les gros consommateurs de boissons sucrées avaient aussi une mémoire à court terme moins efficace et un hippocampe réduit , l'hippocampe étant l'une des zones du cerveau qui joue un rôle important dans l’apprentissage.

Même ceux qui ne consommaient qu’un verre par jour avaient une taille de cerveau inférieur à la moyenne.

 

   Conclusions des auteurs :

La consommation de boissons gazeuses artificiellement sucrée était associée à un risque accru d'accident vasculaire cérébral et de démence

Les auteurs de cette étude, publiée aussi dans le journal scientifique Alzheimer's & Dementia, recommandent de boire des sodas uniquement de manière exceptionnelle.

Et ce n’est pas mieux pour les boissons light. En effet, selon ces mêmes travaux, boire des boissons sucrées artificiellement serait aussi dangereux pour la santé : boire au moins un verre de boisson light par jour multiplie en effet par trois le risque de subir un accident vasculaire cérébral (AVC) et/ou de souffrir d’une démence sénile précoce.

 

   L’avis du pharmacien :

Un seul conseil : quand vous avez soif, buvez de l’eau, vous éviterez des maladies et vous aurez une meilleure mémoire.

Les boissons sucrées (avec du sucre ou avec des édulcorants) doivent être considérées, à l’instar l’alcool, comme des produits festifs et d’agrément et non des produits alimentaires. Car mis à part la décharge de plaisir qu’ils peuvent procurer, ils n’ont aucun intérêt alimentaire. Et donc, comme l’alcool, leur consommation éventuelle doit être exceptionnelle. Par ailleurs, on ne peut pas écarter l’effet addictif néfaste du sucre par déformation du goût et par stimulation des circuits nerveux de la récompense.

 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
ANNEXE

CE QUI SE CACHE DANS LA COMPOSITION DES BOISSONS SUCREES

 

Dans son numéro du 28 juin 2012, la revue française 60 millions de consommateurs avait enquêté sur les ingrédients cachés des recettes des boissons dites rafraîchissantes.

La revue a analysé une cinquantaine de boissons de 18 marques différentes. Outre le sucre ou les édulcorants, un certain nombre de composés utilisés dans les recettes de ces boissons s'avéreraient dangereux

  • Les terpènes

L'étude a d'abord démontré la présence de terpènes dans la composition de ces sodas. Les terpènes sont une famille d'hydrocarbures dérivés de plantes, qui sont présents dans les huiles essentielles et les parfums. Les terpènes sont des allergènes potentiels suspectés depuis le début des années 50.

  • L'alcool en très faibles quantités 

L'étude révèle en que des doses d'alcool ont été retrouvées dans 10 sodas sur 19. Neuf ne contiennent pas d'alcool, c'est le cas des sodas des marques suivantes : Auchan, Carrefour classic et light, Casino, Cora, Leader Price, Leclerc, Super U et U-Man.

Neuf contiennent moins de 10 mg/l d'alcool (soit 0.001%), c'est le cas des sodas des marques suivantes : Dia, Leclerc Stevia, Breizh Cola, Coca-Cola classique, light et zero, Pepsi classique et Max. Le Soda Stream sans sucre, une solution concentrée, est celui qui en contient le plus. Il en compte 272 mg/l (soit 0,03%).

Selon la législation française, une boisson est non alcoolisée si elle ne contient pas plus de 10 g d'alcool/l (soit 1,2 %). Les boissons testées sont donc loin d'être considérées comme des alcools si l'on prend en compte cette définition. Elles contiennent pour autant une quantité d'alcool que l'on ne peut pas négliger vu leurs grande consommation en particulier par les enfants.

  • Des colorants potentiellement cancérigènes   

On trouve également dans ces boissons deux colorants alimentaires potentiellement cancérigènes : le E150c (Caramel ammoniacal) et le E150d (Caramel au sulfite d'ammonium).

 

  1. Le E150d : ou Caramel au sulfite d'ammonium, est issu de sucres chauffés en présence de sulfite ammoniacal, présente un risque d'allergie chez les personnes qui sont intolérantes aux sulfites (qu'on trouve également dans les vins).

    Au cours d'évaluations toxicologiques sur des animaux, le E150d s'est révélé toxique à hautes doses. La législation (française forcement … ) impose d'indiquer la présence de sulfites seulement si la concentration est supérieure à 10mg/litre. Or, une quantité inférieure à cette dose suffit parfois à déclencher une allergie.

  2. Le colorant E150c : ou Caramel ammoniacal, quant à lui, aurait des effets négatifs sur le système immunitaire selon certains tests effectués sur des animaux. Il contient une molécule, le 4-méthylimidazole, qui a été classée par le CIRC dans la liste 2B « potentiellement cancérigène ». 

 4-méthyl imidazole

 

  • Certains sodas contiennent également de l'acide phosphorique.

L'ingestion d'un taux élevé d'acide phosphorique pourrait entraver le bon fonctionnement des reins et favoriser les calculs rénaux. Une étude* a montré qu'à partir de deux verres de coca journalier, le risque d'insuffisance rénale est multiplié par deux.

*Saldana TM, Basso O, Darden R, Sandler DP., « Carbonated beverages and chronic kidney disease. [archive] » sur http://www.ncbi.nlm.nih.gov [archive], juillet 2007. Consulté le 16 avril 2009.

  • Des taux de sucre très élevés

La plupart des boissons étudiées affichent plus de 100 grammes de sucre par litre. Un litre de cola ou de jus de fruits peut en contenir jusqu'à 115 grammes, ce qui représente une vingtaine de morceaux de sucre. Une folie quand on sait que l'OMS recommande de ne pas consommer plus de 50 g de sucre par jour

Les thés glacés aussi :Le thé froid apparaît souvent comme un produit léger et rafraîchissant. Mais il n'en est rien : parmi les 11 références sucrées testées, la quantité de sucre n'est jamais descendue en dessous des 55g/l, avec un sommet atteint par la marque Arizona® (86g/l). Les deux leaders du marché en France (Lipton et Liptonic) ne sont pas en reste avec 76 g/l.

En réalité, ces sodas n'ont de « thé » que le nom car ils en renferment très peu : à peine un gramme par litre pour la plupart des produits. Parfois, il est même simplement noté «saveur thé pêche» dans la liste des ingrédients.

 

Au final, cette enquête montre l'importance de bien étudier les étiquettes alimentaires des produits que l'on achète et d'adopter une alimentation moins sucrée. Les sodas dits « sans sucre » ne sont pas exempts de dangerosité : ils entretiennent une addiction pour le goût sucré et renferment des édulcorants suspectés d'être nocifs pour la santé. L'occasion de rappeler qu'un verre d'eau demeure le meilleur choix pour étancher la soif.


L’avis du pharmacien : Ces ingrédients pris un à un peuvent ne pas présenter de danger extrême, cependant leurs association peut expliquer les résultats sur le cerveau de l’étude de la Boston University School of Medicine précitée.

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