PLACE DU NEFOPAM EN THERAPEUTIQUE
Place du nefopam injectable Acupan®
dans l’arsenal des thérapeutiques antidouleur
Avis & discussion
Pharmacodynamie :
- Antalgique palier 2 : comme la noramidopyrine, codéine, dextropropoxyphène
- Dérivé de la benzoxacine, avec une puissance d'action antalgique faible par rapport à la morphine (1 amp de 20 mg correspond à 0,5 mg de morphine).
- Mécanisme d’action non élucidé il s’agirait probablement d’une action dépressive centrale
- Pas d’accoutumance pas de dépendance, pas d’épuisement thérapeutique, pas d’effet anti-inflammatoire ni d’effet antipyrétique.
- Faible activité anticholinergique avec une augmentation (certes transitoire) de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle.
- Pas d’activité anti-spasmodique avérée.
Structure chimique :
Le nefopam possède a structure chimique non apparentée à celles des analgésiques actuellement connus : pas de relation avec les opiacés ni les salicylés, ni paracetamol.
Indication : analgésique réservé à l’adulte
Effets secondaires : ils sont dus aux effets antcholinergiques et favorisés par une injection trop rapide
Nausées, des vomissements, vertiges, sueurs, sècheresse buccale, somnolence et céphalées. Augmentation de la fréquence cardiaque et +/- la tension artérielle
Rétention urinaire : attention à l’hypertension artérielle, les troubles urétroprostatiques eux sont CI
Excitabilité, irritabilité : les convulsions et les antécédents de troubles convulsifs sont CI
Troubles ophtalmiques : le glaucome par fermeture d’angle est une
CI
La grossesse et
l’allaitement : est une
contre-indication par prudence
Discussion et avis :
1 ) « Le néfopam tient peu de place en médecine d'urgence préhospitalière, sans doute en raison d'une efficacité limitée, d'effets indésirables significatifs, et de l'existence d'autres produits plus adaptés.»
Source : Patrick HERTGEN Université Henri Poincaré, NANCY 1 1995 Thèse N° 95 NAN 1.209 :
http://www.hertgen.com/actu/these42.html
2 )
« Les arrêts de traitement pour effet indésirable sont fréquents, de l’ordre de 15% ».
Source : le Bulletin d'information du Département de Pharmacologie du CHU de
Bordeaux
http://www.centres-pharmacovigilance.net/bordeaux/bulletin43/
3
) « Le néfopam est un analgésique central non
morphinique ; 20 mg de néfopam ont un effet comparable à l'injection de 10 mg de morphine et le délai d'action est de l'ordre de 15 min. Ses effets secondaires peuvent être gênants, car si
le néfopam n'est pas à l'origine d'une dépression respiratoire, il provoque fréquemment des nausées, des vomissements et des réactions cutanées. Son utilisation en médecine préhospitalière et en
urgence reste à évaluer. »
Source
: F. Lenfant : Détresse respiratoire aiguë : analgésie Médecine d'urgence 2002, p. 29-36. ©
2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS, et Sfar.
4 ) « Il ne provoque pas de
dépression respiratoire, mais il est à l'origine de nausées et de vomissements chez 10 à 30 % des patients, ainsi que de sueurs, de vertiges, de rash cutanés et de douleurs à l'injection.
L'épilepsie est une contre-indication à son emploi. Il y a très peu d'études concernant l'emploi du néfopam pour l'analgésie postopératoire, mais son profil pharmacologique est favorable à cette
indication. »
Source : Attitude pratique pour la prise en charge de la douleur postopératoire http://www.sfar.org/douleurpratique.html
5 ) « Plusieurs observations
de dépendance à l’Acupan* (néfopam) ont été décrites, avec une consommation journalière pouvant varier de 10 à 90 ampoules IM ou IV par jour.
La littérature mentionne des cas d’abus chronique, accoutumance et dépendance à cette molécule. Mécanismes évoqués
:
- Le néfopam possède une
analogie structurale avec les anticholinergiques (orphénadrine), les antihistaminiques (diphénydramine) et les antidépresseurs tricycliques.
- Plusieurs effets pharmacologiques ont été décrits : inhibition de la recapture de la dopamine, de la sérotonine, de la noradrénaline
- Le néfopam exercerait un effet " amphétamine-like " procurant euphorie et détente
On retrouve, dans un certain nombre de cas, un profil psychologique particulier et une polydépendance à des analgésiques ou psychotropes. »
Source : Centre Régional de Pharmacovigilance et d’Information sur le Médicament Hôpital Pasteur - BP 69 - 06002 Nice Cedex. Rédaction : Drs. B. Baldin, C. Bonnet, R.M. Chichmanian, C. Kouji, A. Spreux N° 124– MARS - AVRIL 2003
http://www.centres-pharmacovigilance.net/nice/bulletin124/#8
6 ) « Le néfopam (Acupan*, Biocodex) permet une épargne morphinique significative après une chirurgie prothétique de la hanche, avec un
bénéfice d'autant plus net que la douleur pré-opératoire est importante » :
Source : Samu de France http://www.samu-de-france.com/default_zone/fr/html/page-552.asp
7 ) « Le traitement de la douleur après une césarienne est assez bien codifié. Il
dépend en partie du type d'anesthésie effectuée : au cours d'une anesthésie locorégionale, les morphiniques injectés en périmédullaire poursuivent leur action antalgique en postopératoire. Lors
d'une rachianesthésie réalisée avec de la morphine (< 0.2mg) associée à de la bupivacaïne (Marcaïne®), la durée de l’analgésie est de près de 24h lorsque y est associée par voie parentérale
une bi thérapie telle que propacétamol (Prodafalgan®) - kétoprofène (Profénid®) ou propacétamol - néfopam (Acupan®). »
Source
: Vèmes Journées Scientifiques du Réseau Sécurité Naissance dans les Pays de la Loire La Baule, Atlantia Vendredi 9 & Samedi 10 Novembre 2001
http://www.reseau-naissance.com/rsn_journee_scientifique_01.html
En conclusion :
- Les effets secondaires du nefopam paraissent assez importants
- Du fait de l’originalité de la molécule, de la voie d’administration, et du manque de recul, la place du nefopam dans l’arsenal thérapeutique de la douleur est discutable. La consultation, par exemple, des archives de la revue prescrire n’a pas donné grand-chose.
- Son utilisation en médecine de ville est problématique du fait qu’une grande part des algies rencontrées sont dues à des inflammations ou à des spasmes. Le cas du Codenfan® sirop à base de codéine est plus ou moins semblable.
Au final le choix du nefopam reste strictement lié aux appréciations du médecin prescripteur qui est vivement invité à consulter un maximum de publications avant de l’intégrer le nefopam dans sa pratique quotidienne.