LES SARTANS DE NOUVEAUX RISQUES SE PRECISENT
L E C T U R E O F F I C I N A L E
L E S S A R T A N S
DE NOUVEAUX RISQUES SE PRECISENT
Cette lecture fait suite à notre article sur les sartans : LE LOSARTAN & LES SARTANS et comme relevé dans le commentaire d’un de nos lecteurs, les sartans sont de plus en plus cités dans des effets secondaires relativement importants qui concernent actuellement surtout l’olmesartan [OLMETEC] et le telmisartan [MICRADIS]
1er cas : le telmisartan [MICRADIS] et cancer :
Source : I Sipahi , S M Debanne, D Y Rowland, D I Simon, J C Fang. “Angiotensin-receptor blockade and risk of cancer: meta-analysis of randomised controlled trials”, The Lancet Oncology, Volume 11, Issue 7, Pages 627 - 636, July 2010.
Une étude publiée ce mois de juillet dans The Lancet Oncology intitulée « Les inhibiteurs des récepteur de l'angiotensine et le risque de cancer: une méta-analyse d'essais contrôlés randomisés »
A la base de cette méta-analyse la publication d’études expérimentales impliquant le système rénine-angiotensine, en particulier l'angiotensine II et les récepteurs AT1 et AT2, dans
- la régulation de la prolifération cellulaire,
- l'angiogenèse
- et la progression tumorale.
L’objectif de cette étude est d’évaluer l’incidence des sartans sur la fréquence du cancer avec une méta-analyse d'essais contrôlés randomisés de ces médicaments.
Méthode :
Les chercheurs ont scruté les bases de données : Medline, Scopus, le registre central Cochrane des essais contrôlés, Cochrane Database of Systematic Reviews, et la US Food and Drug Administration site pour les études publiées avant Novembre 2009, qui comprenait l'un des sept sartans actuellement disponibles aux USA.
Resultats :
C’est le telmisartan qui a été le plus souvent cité en particulier pour le cancer du poumon. Utilisé pendant au moins 1 an, il a augmenté, par rapport au placebo, le risque de cancer, certes très faiblement mais d'une manière statistiquement significative.
Les auteurs concluent que « compte tenu des données limitées, il n'est pas possible de tirer des conclusions sur le risque exact de cancer associés à chaque médicament en particulier »
2e cas : Olmésartan [OLMETEC au Maroc, BENICAR au USA] et mortalité cardiovasculaire
Source : FDA Drug Safety Communication: Ongoing safety review of Benicar [Olmesartan] and cardiovascular events. Updated: 11/06/2010 (cliquer sur le titre)
Dans une note d’information daté du 11/06/2010, la FDA rapporte 2 deux essais cliniques appelés ROADMAP et ORIENT* destinés à évaluer les effets cardiovasculaires de l'olmésartan versus placebo chez des diabétiques de type 2 et qui ont conduit à des résultats opposés à ceux qui étaient attendus, c'est-à-dire à une augmentation de la mortalité d'origine cardiovasculaire
ROADMAP et ORIENT sont les deux essais cliniques à long terme. Dans les deux essais, les patients diabétiques de type 2 ont reçu soit un placebo ou de l’olmésartan avec pour objectif de déterminer si le traitement par ce dernier pourrait ralentir la progression de la maladie rénale.
Or une découverte inattendue observée dans les deux essais est apparue : en effet il y a
eu un plus grand nombre de décès dus à une cause cardiovasculaire (infarctus du myocarde, mort subite, d'accident vasculaire cérébral) chez les patients traités par l’olmésartan
par rapport au placebo !
La FDA conclu :
- « FDA estime que les avantages de Benicar (Olmésartan) chez les patients souffrant d'hypertension artérielle
continuera à l'emporter sur les risques potentiels. »
- « L'Agence prévoit d’examiner les données primaires des deux études, ROADMAP et ORIENT, et envisage d'autres moyens d'évaluer les effets cardiovasculaires du
Benicar. »
L’avis du pharmacien :
A l’heure actuelle et en fonction des données disponibles, et si on suit les conclusions de la FDA il n’y a pas actuellement de grosses inquiétudes.
Cela dit, ces deux cas montrent la nécessité de prendre du recul par rapport à une classe chimique dont certaines molécules (olmésartan et telmisartan) nécessitent de plus amples études de pharmacovigilance.
D’autre part la prescription préventive de ces molécules contre des « facteurs » de risque plus ou moins bien établis mérite d'être pesée.
Si on désire absolument un antagoniste de l’angiotensine II, à notre avis, il vaut mieux en rester à la molécule de référence le losartan. La multiplicité des molécules « mee-too » n’apporte aucun plus en terme pharmacologique, par contre elle peut favoriser l’émergence d’effets secondaires inattendus. L’objectif premier des molécules « mee-too », qui sont pratiquement toutes basées une structure bipényle substituée par un noyau tétrazole, n’est autre que de partager le marcher du 1er sartan commercialisé : le losartan.
*I n f o r m a t i o n s c o m p l é m e n t a i r e s :
- ROADMAP : Randomized Olmesartan and Diabetes Microalbuminuria Prevention Study
C’est une étude randomisée, en double aveugle, contrôlée versus placebo, multicentrique, menée en Europe.
L'essai comprenait 4447 patients atteints de diabète de type 2 et au moins un facteur supplémentaire de risque cardiovasculaire, mais sans preuves manifestes de la néphropathie.
Les patients ont été randomisés pour recevoir soit 40 mg d'olmésartan soit du placebo.
L'objectif principal était d'évaluer si olmésartan pourrait retarder l'apparition de la microalbuminurie. La majorité des patients avaient 3 à 5 facteurs de risque cardiovasculaire et 80% des patients ont recours à d'autres antihypertenseurs. La durée moyenne d'exposition à olmésartan était de 39 mois.
Les patients ont été autorisés à recevoir d'autres classes de médicaments antihypertenseurs
- ORIENT : Olmesartan Reducing Incidence of End Stage Renal Disease in Diabetic Nephropathy Trial
C’est une étude randomisée, en double aveugle, contrôlée versus placebo, multicentrique, menée au Japon et à Hong Kong.
L'essai comprenait 566 diabétiques de type 2 et de néphropathie avérée, ont été randomisés pour recevoir soit l’olmésartan 10 mg à 40 mg par jour soit du placebo.
Les patients ont été autorisés à recevoir d'autres classes de médicaments antihypertenseurs. Le critère composite d'évaluation principal a été le doublement de la créatininémie, l’insuffisance rénale terminale, et toutes autres causes de mort