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NOUS & LE PARADOXE ALGERIEN

21 Mai 2012 , Rédigé par Amster Publié dans #REFLEXIONS

REFLEXION

NOUS* & LE PARADOXE ALGERIEN

 

* Les marocains

12-04-30-Nous-et-le-paradoxe-algerien.jpg

 

Sources :

1 - FMI « Les plus grosses réserves de devises »  Le Soir Echos, N°1070, Page 11, du 30/04/2012

2 - M.A. Hafidi : « La facture pétrolière aggrave le déficit » Le Soir Echos, n°1082, page 10, du 17/05/12

3 - M.A.B. « 8% du PIB en déficit commercial ! » L’ECONOMISTE, n°3785, page 2, du 17/05/12    

 

           Frappant, c’est le moins qu’on puisse dire, ce classement des plus grosses réserves en devises,  même si c’est prévisible vu les énormes potentialités géologiques de l’Algérie.   

Le FMI a classé l’Algérie comme le pays le moins endetté des 20 pays de la région MENA (Moyen orient et Afrique du  Nord) pour l'année en cours, et le deuxième plus gros détenteur de réserves officielles de change après l'Arabie Saoudite, avec des prévisions de clôture de l'année 2012 de 205,2 milliards de dollars.

Le paradoxe algérien :

           Si l’Arabie Saoudite domine largement la région en termes de réserves de devises, elle reste néanmoins lourdement handicapée par le sous-développement du facteur humain pour des raisons historiques, géographique (enclavement …), et culturelles. Et c’est ces mêmes raisons (présence française, ouverture ancestrale vers la méditerranée depuis les romains, diversité culturelle) qui font que le potentiel humain de l’Algérie est largement favorable à un progrès socioéconomique soutenu par rapport à la majorité des pays du Golf.

L’Algérie est l’un des rares, si non le seul, pays de la région qui se caractérise par la concomitance d’une aisance financière manifeste et d’un potentiel humain indéniable. Malheureusement  cette spécificité n’est pas corrélée par les indicateurs classiques du développement économique humain. Ce qui laisse l’Algérie dans le peloton des pays sous-développés.

L’Algérie aurait due être, au moins, un leader régional incontesté et incontestable. Elle aurait due être la locomotive du progrès dans la région or c’est loin d’être le cas. Sur plusieurs indicateurs elle se retrouve soit au même niveau soit en deçà des autre pays maghrébins en particulier de la Tunisie d’avant révolution.

Les raisons du paradoxe :

            La culture politique algérienne de l’après colonisation est particulièrement dominée par l’esprit militaire avec une connotation mi-nationaliste, mi-religieuse, vaguement socialiste. Ainsi, en parlant de concurrence, on pense d’abord concurrence sur l’armement, là où le « civile » penserait commerce, industrie … On parlant de conquêtes extérieure, on pense espace vital et zone de sécurité, là où le « civile »pense exportations et marchés extérieurs.

Certes, cette culture politique est à la base une culture de révolution (pas forcement révolutionnaire) qui, indéniablement, fait  l’honneur de l’Algérie. Sauf que … pour que cette révolution deviennent créatrice de richesse et de progrès social il est nécessaire qu’elle se mue en une révolution citoyenne. Sauf erreur de notre part, cette mutation ne s’est jamais faite, et même les tentatives de transformation ont échoué du fait de l’extrémisme religieux des uns et le manque de flexibilité intellectuelle des autres. C’est ce qu’on a appelé ailleurs la plasticité dans la gestion de la chose politique qui est un élément managérial essentiel dans une société apaisée, dominée un esprit « civile ».

La gestion militaire, ou sous domination militaire, de la chose publique est clairement contre productive au niveau intérieur et elle implique au niveau extérieur des tensions maintenues même artificiellement, qui permettent de soutenir et de renforcer l’esprit de conquête et de révolution permanente d’un  point de vu militaire.

Et nous alors ?

12-04-30-le-deficit-commercial-marocain.jpg

             Le hasard des publications a fait que, l’Office des changes marocains a publié presque au même temps que ces données du FMI, les chiffres du déficit commercial marocain. On apprend ce qui suit [2,3] :

- Au terme des quatre premiers mois de l’année, le déficit atteint 64 milliards de DH.

- C’est 15 milliards de plus qu’en mars et 4 milliards de plus par rapport à la même période de 2011. Désormais, la facture du déficit commercial représente plus de 7,8% du PIB.                                                         

- « Même si la progression des importations ne représente plus le double de celle des exportations, elle reste tout de même plus importante que celle des nos ventes à l’étranger. En effet, lorsque les exportations progressent de 4,3%, les importations, elles, augmentent de 5,2%. Le même rapport est valable en valeur absolue. »

- Plus précisément : « A fin avril, l’import culmine à plus de 123 milliards de DH tandis que les exportations ne se sont élevées qu’à 60 milliards de DH. Résultat: un déficit commercial qui se creuse de 6%. »

- « La progression des importations reste en grande partie imputable à la flambée de la charge des produits énergétiques. »

L'avis de l'apothicaire du coin : Ce qui fait la richesse du voisin de l’Est, creuse dangereusement la balance commercial du côté de l’atlantique : l’énergie fossile. 

L’évolution de l’offre exportable du Maroc à fin avril fait ressortir les éléments suivants :

-  la poursuite de la diminution de 1,6% des expéditions de dérivés de phosphates à 10,4 milliards de DH. Les exportations de phosphate, elles, se maintiennent (+15,7%) à 4,3 milliards de DH. 
- Les produits alimentaires suivent un  trend baissier.

- La commercialisation de véhicules industriels à l’étranger a bondi de 62%, celle des voitures de tourisme a plus que doublé en raison probablement de l’effet Renault.

- Même tendance pour les expéditions d’huile de pétrole, lubrifiants, gas-oils et fuel-oils.

- Les exportations d’articles d’habillement, pour leur part, baissent pour ce qui est de la confection de vêtements à 6,5 milliards de DH. Les articles de bonneterie, eux,  progressent de 5,8%.

 12-04-30-le-deficit-commercial-marocain-detail.jpg

 

            Le paradoxe du côté marocain, c’est qu’avec ses difficultés financières de plus en plus sérieuses, la Maroc conserve globalement le même trend  des indicateurs de développement et des indices macroéconomiques ce qui laisse le pays presque au même niveau développement que son riche voisin de l’Est.

La question qui s’impose : Et si le Maroc avait eu la même aisance financière que l’Algérie aurait-il fait mieux que ce qu’elle fait ?

Certes c’est de la politique-fiction, cependant répondre à une telle question permuterait de mieux cibler le model de développement qu’on désire. En effet si le Maroc avait la même aisance financière, ce n’est pas sûr que cela révolutionnerait complètement son développement. Le scénario le plus probable serait, dit trivialement, que ceux qui volent quelques milliards aujourd’hui, voleraient quelques dizaines de milliards demain. Cependant la gestion « civile » de la chose publique au Maroc apporterait vraisemblablement un certain plus, par rapport au voisin de l’Est.

Comme concrétisation de ce « plus » on vous propose de lire ou de relire notre article daté du 22 mai 2010 intitulé « Maroc – Espagne : entre la confrontation des populismes et la course géostratégique au progrès » (cliquer sur le titre). On comprend facilement qu’actuellement, le choix de la violence et du militarisme est une option qui fait perdre de précieux points de PIB. Avec comme seul bénéfice la démagogie qui est le socle des analyses populistes.

L’usine Renault à Tanger vient corroborer encore plus cette réflexion. S’additionnant aux autres infrastructures de bases, le port de Tanger-med et la rocade autoroutière du Nord, ce tissu constitue en soi une arme redoutable

    - au niveau intérieur : désenclavement de larges régions, réduction de le la dépendance économique de la région vis-à-vis du cannabis, diversification des exportations.

    - au niveau extérieur : ancrage de la région sur la scène internationale, réduction de l’importance économique et géostratégique de Cebta et Melillia, ouvrant par là avec l’Espagne des rapports de forces basés plus sur l’économie et le progrès que sur l’unique puissance militaire. On sait ce que la guerre des Malouines a engendré.

 L’approche militariste en politique, apporte tout au plus une gloire éphémère à ceux qui la génèrent, elle reste néanmoins toujours néfaste pour la population qui en paye le prix fort en terme souffrance humaine et de régression économique.              

Sur le même thème lire : Maghreb : l’option pragmatique                        

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