J'AI LES REGLES HACHAK !
J’AI LES REGLES HACHAK*!
*SAUF VOTRE RESPECT
Nouvelle mise à jour du 17/10/16 à lire en fin d'article
Combien de fois a-t-on entendu sur notre comptoir et ailleurs cette phrase absurde répétée automatiquement « j’ai les règles hachak* » ? A croire que les menstruations sont une impureté rendant la femme ou la jeune fille malpropre et infréquentable, châtiée par dame-nature par des douleurs qu’elle n’a que méritées. Qu’en est-il en réalité ? Nous proposons ci-après, des éléments de réponse qu’on utilise régulièrement dans notre officine afin de contrecarrer autant que faire se peut, des vérités partielles, voire des contrevérités, érigées en dogme.
De prime abord, qu’est- ce que les menstruations ?
Sans entrer dans des considérations académiques complexes, on les expliquera ainsi (à la volée, façon PHARAMSTER bien sûr) :
Le cycle menstruel, dont le premier jour n’est autre que le premier jour des règles (et non quand elles s’arrêtent), est sous contrôle direct de deux hormones l’œstrogène [en bleu sur le schéma] et la progestérone [en rouge ] elles-mêmes sous contrôle des hormones hypophysaire FSH et LH.
Le schéma publié ici est exactement celui qu’on utilise dans notre officine pour expliquer non seulement la question des menstruations mais tout ce qui concerne la contraception ; c’est un excellent outil didactique à consommer sans modération.
La variation de ces deux hormones au cours du cycle va déterminer deux événements importants :
1- L’ovulation : qui se situe entre le 12ème et le 17ème jour , elle correspond à la période de fécondité maximale, pour ceux qui cherchent à avoir des enfants, c’est la période propice pour les rapports sexuels.
2- Les menstruations : c’est l’écoulement périodique par le vagin de la muqueuse utérine et de sang (comme dit Larousse) survenant chez la femme non enceinte. Cet écoulement s’explique par la chute du taux de progestérone.
En plus simple, jusqu'au milieu du cycle (la phase lutéale pour les initiés), l’appareil génital se prépare à « accueillir» comme il se doit le fruit de l’éventuel heureux événement issu de la rencontre (la fécondation) entre le prétendant spermatozoïde et l’ovule. Le fruit de cette rencontre charnelle est appelé simplement l’œuf.
L’accueil chaleureux réservé à l’œuf ainsi formé, se fait au niveau de la paroi utérine ; celle-ci s’épaissit prenant des formes en dentelle, se gorge en sang riche en micronutriments afin d’accompagner les besoins du développement de l’embryon à venir.
A défaut de fécondation, tous les préparatifs qui ont duré une quinzaine de jours partent en vrille, c’est une véritable perte non pas sèche mais plutôt mouillée. La femme ou la jeune fille perd ainsi non seulement du sang mais aussi une partie non négligeable de cette muqueuse utérine sensée servir, si fécondation, au développement de l’œuf en morula , un des premiers stades de l’évolution du futur bébé. Par ailleurs, dans le bilan des pertes, on notera la présence de l’ovule non fécondé.
C’est quoi les règles finalement ?
Vous en conviendrez, le sang des règles, qualifié par certains religieux comme une saleté, n’est rien d’autre que le véhicule des premiers micronutriments nécessaires au développement de l’embryon. Sans ce sang, aucun Imam, aucun curé ni Rabin n’aurait pu voir le jour, comme n’importe quel autre humain.
Autrement dit, ce sang a une valeur nutritionnelle capitale pour la survie de l’être humain, c’est même plus important que le lait maternel, puisque ce dernier peut être substitué alors que le sang des menstruations et la muqueuse dentelée qui l’accompagne sont irremplaçables. Si on qualifie les menstruations de saleté, le lait maternel serait alors une immondice répugnante !
L’ignorance dans laquelle a baigné l’humanité durant des millénaires nous berce encore de ses effluves. On a stigmatisé, et on stigmatise encore …, les femmes sur des bases d’une absurdité monumentale.
Et la douleur alors ?
La douleur qui accompagne souvent les menstruations n’est pas un châtiment divin pour fustiger « le diable qui habite le corps des femmes », loin de là … Explication :
« Les douleurs ressenties au bas-ventre ou au bas du dos sont liées aux contractions de l’utérus. En l’absence de grossesse, l’ovule n’ayant donc pas été fécondé, les ovaires cessent subitement de produire des œstrogènes et de la progestérone. Cela déclenche les contractions utérines, grâce auxquelles l’endomètre (revêtement muqueux de l'utérus) et le sang sont expulsés. Chez certaines femmes, l’utérus se contracte plus intensément. Il s’agirait de la principale cause des douleurs menstruelles. Ce phénomène s’explique par une surproduction de prostaglandines, des substances sécrétées entre autres, par l’endomètre et qui déclenchent les contractions.
Les prostaglandines agissent aussi sur d’autres muscles que l’utérus, ce qui explique les malaises qui peuvent accompagner la dysménorrhée : nausées, vomissements, maux de tête.
A ce sujet, nous vous recommandons pour plus de détails, notre article : ARTOTEC® : UN ABORTIF CACHÉ
Par ailleurs, la perception des contractions est très variable d’une femme à l’autre. Certaines vont sentir leur ventre un peu plus sensible, d’autres auront très mal. Habituellement, les douleurs sont plus importantes dans les moments où les règles sont abondantes car l’utérus doit se contracter plus intensément pour évacuer l’endomètre »
Passons sur ces considérations assez techniques, ces douleurs représentent quoi en quelque sorte ? C’est d’une certaine façon un avortement à blanc, sans fœtus, ni œuf, rien que l’ovule non fécondé (il n’a pas eu accès aux faveurs pénétrantes du spermatozoïde). Cette douleur pourrait être mieux admise par la femme (et la jeune fille) si on lui expliquait que tout le processus des menstruations n’est qu’un rappel périodique qu’elle est maman potentielle, statut impliquant une responsabilisation par rapport à la vie. Le choix est clair, soit l’abstinence soit le préservatif, dont l’usage devient alors un acte hautement responsable. On peut faire de son corps ce qu’on veut tant que cela n’engage pas la vie d’autrui, autant celle de l’enfant que du partenaire éventuel.
Si, au lieu de stigmatiser les femmes, on leur expliquait que ce processus naturel est tout à leur honneur, les désagréments qui l’accompagnent seraient mieux tolérés.
Finissons avec la question qui tue : la mauvaise odeur des règles ?
Absurde ! La richesse astronomique en micronutriments des menstruations fait quelles deviennent rapidement sujettes à une altération microbiologique importante, tout autant, et bien plus encore, que le lait maternel ! Une hygiène simple, sans lavage vaginal, respectueuse de la flore saprophyte génitale est une réponse tout à fait cohérente à cette question.
Quid de la religion ?
Le problème n’est pas dans les textes, c’est la compréhension phallocratique et machiste de ceux qui sont sensés les expliquer qui en est responsable.
Si l’Islam demande au moment des menstruations à la femme de ne pas faire les 5 prières, qui sont des moments - pour ceux qui croient – d’une intense rencontre avec le divin, c’est pour ne pas briser la solennité de cette rencontre par des faits biologiques incontrôlables.
Si l’Islam pendant la même période, demande à la femme de ne pas jeûner pendant le ramadan, c’est que ces pertes occasionnent une fatigue et une déperdition parfois importante de fer, qui hypothèque sérieusement la poursuite du jeûne dans des conditions optimales.
Il paraît que Dieu est clément miséricordieux mais pas ceux qui sont sensés défendre ses préceptes.
En guise de conclusion, que dire si non la célèbre citation d’Albert Einstein :
« Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue. »
Merci A Dr Mouna Pharmacienne d’officine pour sa relecture éclairée.
Mise à jour du 17/10/2016
Un article paru dans le journal Le Monde du 15/10/16 vient à sa façon d’éluder certaines incompréhensions. On vous propose ici quelques extraits :
Source : Maïa Mazaurette « Faire l’amour pendant ses règles : oui, non, comment ? »
- Le sang menstruel est aussi pur que le sang « normal »
- ... Et pourtant. Sans entrer dans les débats sur la « taxe tampon », les femmes continuent de planquer compulsivement leurs serviettes et coupes menstruelles. On persiste à représenter le flux en bleu dans les publicités.
- ... Reste que ce sang-là n’est pas seulement invisible : nombre d’entre nous le tiennent pour infréquentable. Cela dit, une fois les contraintes culturelles passées, les difficultés techniques sont très facilement contournables. La première consiste à communiquer. Si vous avez vos règles, dites-le. Si le sang vous indispose, dites-le. Personne ne vous oblige, et les périodes de jeûne permettront la joie des retrouvailles.
- Rappelons au passage que pendant leurs règles, les femmes ne perdent en moyenne que deux cuillères à soupe et demie de sang