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PHARAMSTER Un regard officinal indépendant sur les médicaments

ENTRE MEDICAMENT & MOUTON

23 Octobre 2013 , Rédigé par Amster Publié dans #REFLEXIONS

RÉFLEXION

ENTRE MEDICAMENT & MOUTON

UN CHOIX CORNÉLIEN

ENTRE MEDICAMENT & MOUTON

          A la base de cette réflexion, l’insertion suivante parue dans la revue marocaine TELQUEL, n°589, page 33, du 11 au 17 octobre 2013 

« 8,c'est en milliards de dirhams, le montant qui sera déboursé par les Marocains pour l'achat de moutons et autres caprins à l'occasion de Aïd Al Adha. Ce chiffre énorme, qui avoisine la dépense annuelle en médicaments, correspond à une demande estimée à 5,4 millions de moutons. Une demande couverte largement par l'offre, qui dépasse les 8 millions de têtes, rassure le département de l'Agriculture. »

 

L’avis de l’apothicaire :

     Sur la forme : La revue ne cite pas explicitement les sources sur lesquelles elle se base, mais on comprend en filigrane qu’il s’agit du ministère de l’agriculture.

Cela dit, le fait que les marocains dépensent autant en médicaments pour toute une année que pour l’achat du mouton de l’Aid paraît vraisemblable. En effet, avec une consommation annuelle en médicaments oscillant entre 340.00 à 400.00 DH par an par personne (soit pour une famille de 5 personnes 1700.00 à 2000.00 par an) et un prix du mouton variant entre 1500.00 à 3000.00 DH, la corrélation de la revue TELQUEL paraît tout à fait plausible.

     Sur le fond : Nous vous invitons vivement à lire ou à relire notre article : AÏD AL ADHA OU FÊTE DU MOUTON

Ce parallélisme pourrait paraître moins choquant si les marocains pouvaient pratiquer le rite religieux en le délestant des traditions anachroniques (à la limite de l’absurde) et ce, simplement en imitant, pour une fois, ce qui se passe en Arabie Saoudite (plus musulman que ça … tu meurs).

En effet, si la place de l’AID AL ADHA est grande dans nos cœurs, celle du mouton devrait être soit dans la bergerie,  soit dans l’abattoir (désolé pour les « âmes sensibles » voire, hypocrites qui ne supportent pas qu’on égorge des moutons. Franchement, entre la guillotine et la chaise électrique, le pauvre mouton n’en a que faire).

En outre, le fait de sacrifier les moutons dans des abattoirs agrées permet de sécuriser sur le plan hygiénique la chaîne alimentaire (chaîne du froid et contrôle vétérinaire). A ce sujet, la recrudescence des maladies diarrhéiques après l’AÏD est tout à fait palpable dans notre officine, sans parler des hydatidoses et autres parasitoses qui surviennent bien après.                       

Mieux encore, grâce aux équipements frigorifiques des abattoirs, un des actes fondamentaux  du rituel religieux de l’AÏD peut être mis en pratique. En effet, « il » est dit qu’il faut offrir aux nécessiteux au minimum 1/3 et au maximum les 2/3 du mouton sacrifié. Ce pan de l’AÏD est tout à fait appliqué en Arabie Saoudite (plus musulman que ça …) alors que les familles marocaines le négligent complètement pour moult raisons (on ne trouve aucune personne à qui donner, absence de structures adéquates, et vraisemblablement sans oser le dire par manque de solidarité !).

Faire le sacrifice du mouton dans les abattoirs a donc l’avantage rationnel de l’hygiène et l’avantage citoyen et religieux de la solidarité, sans oublier qu’ainsi, la collecte des peaux se fera de manière saine et hygiénique, au grand plaisir des tanneurs et autres maroquiniers !   Imaginez … le rêve :(faire vivre les âmes qui s’accrochent au progrès), que les deux tiers des moutons sacrifiés puissent être servis durant toute l’année dans les cantines scolaires déshéritées, les foyers des étudiants, et autres centres d’accueil de personnes nécessiteuses, imaginez… que l’Aïd devienne une immense fête de la solidarité (là je rêve …) et non pas une gabegie anachronique associée à une orgie alimentaire collective alors que les préceptes religieux islamiques exigent la modération, en particulier dans le comportement alimentaire. De la sorte, même si cela coûte un an de consommation de médicament pour un ménage, l’AÏD restera une très belle fête. Quand on voit notre réalité, on ne peut s’empêcher de dire : Mon Dieu ! Qu’a bien pu faire mon pays pour mériter ce qu’on vit aujourd’hui ?

Dans un célèbre verset coranique, il est dit à peu près ce qui suit : lorsqu’on veut anéantir une communauté, on demande à ses élites de devenir malfaisantes, et ainsi elle est détruite.

En clair, la faute ne revient pas à nos pauvres ni à nos analphabètes (et ils sont nombreux), la responsabilité incombe en premier à nos élites : religieux, intellectuels, hauts cadres et autres médecins, pharmaciens, ingénieurs, avec des bacs plus 7 (et plus …) et incapables de se départir de traditions anachroniques, qui n’ont rien à voir avec la religion. Incapables de penser la religion en termes de progrès et développement humain. Incapables de développer des analyses rationnelles voire au minimum penser notre société avec simplement du bon sens.

Des intellectuels apathiques face à l’hécatombe du sous-développement humain et à l’arriération affligeante de notre société, des hommes de religion au regard phallocratique absurde, obnubilés par l’entrejambe des gens, promotionnant des rites pseudo-religieux obsolètes, tellement absurdes qu’ils contredisent les préceptes mêmes de la religion. Mon Dieu ! Qu’a-t-on fait pour mériter nos élites ?

 

A la mémoire  de SAADIA : SAADIA, cette belle femme citée dans  AÏD AL ADHA OU FÊTE DU MOUTON, décédée  l’année dernière  suite à une insuffisance respiratoire, laissant Abdellah et toute la famille dans un désarroi incommensurable.

A lire dans la même revue une remarquable chronique de Reda Allali, qui décortique de façon remarquable une bonne partie de nos contradictions : Zakaria Boualem et l'affaire des adolescents de Nador                                                             

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