Le sytème bancaire marocain le déphasage entre crédit à la consommation et crédit à l'investissement
RÉFLEXION
Le système bancaire marocain
Entre promotion du surendettement des ménages
& blocage de l’investissement productiF
On vous rapporte ici quelques idées marquantes d’une remarquable analyse publiée dans le journal Le Soir du 13/03/2013.
Un constat :
Selon le dernier rapport du conseil de la concurrence traitant du secteur bancaire, entre 2005 et 2011, on apprend que le secteur bancaire marocain est dominé par deux banques, Attijariwafa Bank (AWB) et la Banque Populaire (BP). Dans cette étude on apprend aussi que le produit net bancaire (mesurant la rentabilité du secteur) a progressé de 30 % entre 2005 et 2011, en dépit du contexte de crise. Le secteur bancaire marocain serait-il si résilient* que ça ? (* Résistant aux chocs)
En effet, c’est une question tout à fait pertinente, le décalage criant entre la rentabilité des banques et la crise économique, témoigne d’une anomalie manifeste du fonctionnement du système bancaire marocain.
Analyse de
l’auteur
« Si le secteur bancaire a vu ses profits exploser, en dépit du marasme actuel, c’est parce que
c’est un secteur rentier. En effet, le secteur profite d’une rente de situation liée à sa structure oligopolistique (peu d’offreurs face à un grand nombre de demandeurs). Il n’y a qu’à
voir les deux banques dominantes AWB et la BP … Cette structure est le résultat de plusieurs barrières à l’entrée. »
L’auteur rappelle qu’en 2012 AWB et la BP ont réalisé, à tous deux, un bénéfice de 770 milliards de CTS. Une rentabilité qui s’explique en partie par la gratuité de la moitié des dépôts collectés auprès des clients, puisqu’il s’agit des dépôts à vue non rémunérés, contrairement à ce qui se fait en Tunisie ou en Égypte par exemple. Ajoutez à cela les facilités de BAM (Banque centrale marocaine) pour renforcer la liquidité des banques (baisse du taux directeur à 3 % et des réserves obligatoires à 4 %), et vous comprendrez mieux pourquoi les banques continuent à faire des bénéfices. Surtout qu’elles ne prennent pas beaucoup de risques car au lieu de prêter aux entreprises, elles préfèrent prêter aux ménages (moins risqués), aux entreprises publiques ou encore mieux, placer leurs ressources dans les bons de trésor.
L’avis du pharmacien : « Sauf erreur ou omission »
C’est une réalité amère ; les banques continuent d’être dynamiques sur le marché du crédit à la consommation, allant jusqu’à la promotion de la stupidité à travers les crédits pour l’achat du mouton de l’Aïd, alors qu’elles restent très frileuses dés qu’il s’agit de crédit à l’investissement, exigeant moult documents et garanties (…) en particulier pour les petites et moyennes entreprises qui sont l’ossature de la croissance (comme le prouve le cas allemand).
En claire les banques participent beaucoup plus au surendettement des ménages qu’a la stimulation de la création de richesse. En cela elles sont non seulement rentières mais elles constituent une source de blocage aux principaux investissements créateurs d’emplois et de croissance économique.
Par ailleurs La surconsommation favorisée par le crédit à la consommation avantage le plus souvent les produits importés (voitures, électroménagers …) ce qui aggrave la balance commerciale du pays.
Comme le montre l’analyse de l’auteur, la raison de cette situation ahurissante est toute simple, les banques ne veulent prendre aucun risque, ce dernier est totalement endossé par le contractant (au cas où on daigne lui débloquer son crédit à l’investissement). Au final, les banques ne se comportent absolument pas en tant qu’entrepreneurs financiers, car le b.a.-ba de l’entrepreneur c’est la prise de risque. Le système financier marocain parait, pour les simples roturiers économiques que nous sommes, plus comme une sangsue économique qu’un catalyseur de la croissance.