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PHARAMSTER Un regard officinal indépendant sur les médicaments

CAS D'OFFICINE : BETAMETHASONE & MYCOSES

9 Octobre 2010 , Rédigé par Amster Publié dans #CAS D'OFFICINE

Bétaméthasone & Mycoses

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Rappels déontologiques de base :

  - Les coordonnés du médecin traitant et du patient on été expressément masqués. Cette image est publiée à titre strictement informatif afin de rapprocher le plus possible le lecteur de la réalité complexe de notre exercice professionnel.       

  - Loin de nous tout côté « donneur de leçons », PharHamster considère que ne nous détenons pas de vérité absolue, en fait toutes les analyses, présentées ici, sont rédigées de bonne foi en fonction des données scientifiques dont nous disposons. Face à toute imprécision, erreur ou omission éventuels, pharHamster reste ouvert à toute remarque, critique ou rectification dans l’intérêt de tous et surtout dans l’intérêt du patient qui reste le cœur de notre métier à tous

- Note importante pour les patients : cet article est une discussion inter-professionnelle, ne pas changer ni arrêter votre traitement sans l’avis de votre médecin, ce dernier connaît parfaitement votre cas. Par ailleurs les données scientifiques sont en perpétuelle évolution, il se peut que votre médecin traitant puisse se baser sur des données dont nous ne disposons pas.

  

Présentation

       Patiente :  - Mme Khadija, 35 ans, 2 enfants

       Données sommaires recueillies auprès de la patiente :

                        - Prurit vulvo-vaginal intense

                        - Ecoulement vaginal blanchâtre, inodore.  

        Ordonnance : 

 

  1 - Cetiral 10 mg CP  : 1 cp par j 

DCI : Cétirizine, antagoniste sélectif des récepteurs H1 périphériques, est indiquée entre autre dans le traitement des symptômes de l'urticaire chronique idiopathique. C'est un des génériques du Zyrtec

  2 - Celesten 8 mg inj : 1 inj par jour  

DCI : bétaméthasone Phosphate disodique un puissant glucocorticoïde indiqué entre autre en cas d’allergie sévère

  3 - Ketoderm Crème : 1 application par jour

DCI : kétoconazole c’est un antifongique du groupe des imidazolés.

  4 - Sedasteril : pour toilette intime

DCI : base lavante additionnée de benzalkonium, un ammonium quaternaire antiseptique cationique, à ne pas utiliser bien sur avec un savon.     

  5 - Mycoderm 150 : 1 ovule par jour

              DCI : éconazole c’est aussi un antifongique du groupe des imidazolés

 

         Contexte :

Ce qui nous a poussé à publier ce cas d’officine, c’est que Mme Khadija un mois après son traitement est venu dans notre officine se plaindre, qu’après une amélioration passagère au début, elle se retrouve avec les mêmes signes qu’auparavant.

 

Analyse :

      - On est vraisemblablement face à une candidose vaginale qui a occasionnée un prurit intense. 

      - L’utilisation de la béthaméthasone (Celstène 8 mg) nous paraît, sauf erreur de notre part, largement  surévaluée. D’autant plus que le RCP de la spécialité Celestène ne mentionne comme indication dans l’allergie que deux cas et plus spécifiquement dans les affections nécessitant un effet thérapeutique rapide :

                    - Œdème de Quincke sévère en complément des antihistaminiques

                    - Choc anaphylactique en complément de l'adrénaline.

Vraisemblablement on est face à un écueil classique (en particulier au niveau du privé) où on retrouve une propension à répondre avec un excès de zèle aux doléances des patients, avec un désire d’efficacité maximale. Quitte à transgresser « un peu » les données pharmacologiques rationnelles.

      - L’utilisation d’un corticoïde quel qu’il soit (par voie locale ou générale) en cas de mycose nous paraît, sauf erreur de notre part, un non sens. En effet, comme tout un chacun sait, les corticoïdes ont un effet immunosuppresseur, conséquence : au début ils vont masquer parfaitement les signes de l’infection, cette dernière va reprendre de plus belle par la suite. Cela rappel, en quelque sorte, le travail déjà fait sur les associations [Anti-infectieux] + [Corticoïdes] :

- L’association corticoïde & antibiotique n’aura plus lieu d’être au MAROC   

- RIFODERM vs RIFASONE : ANALYSE CRITIQUE   

Plus généralement, on ne peut pas traiter un prurit en faisant fi de son étiologie, le bon sens implique de traiter en priorité la cause. Les antiprurigineux dans ce cas ne sont qu’un traitement d’appoint.

       - Force est de constater, qu’a force de se focaliser sur le confort de la patiente, on a , sauf erreur de notre part, omis le traitement de fond classique peros de la candidose vaginale sévères : le fluconazole (Diflucan, Canaflucan, Fongican ou autre). L’intensité du prurit étant probablement corrélée à une sévérité de l’infection 

       - En cas de candidose avérée le traitement du conjoint paraît fondamental pour éviter la ré-inoculation du champignon à la femme lors des rapports sexuels.

       - Enfin en consultant le RCP de la spécialité Celestène 8 mg injectable, in AFSSAPS mise à jour du 21/06/2010 consulter le 09/10/2010, la seule indication en gynéco-obstétrique rapportée de cette spécialité est la suivante : « prévention anténatale de la maladie des membranes hyalines: induction de la maturation fœtale » sic                                                                                                      

Conclusion :

       - La bétaméthasone (Celestène injectable ou autre) n’a pas sa place ni dans le traitement des mycoses ni dans le traitement du prurit. Sauf erreur de notre part ! 

       - S’il y a un élément qu’on peut apporter en plus à ce sujet, avec toutes les précautions d’usage et de respect qu’on doit à tout acteur de la santé : c’est le fait de ne jamais se fier uniquement aux dires des représentants des laboratoires, et en particulier les « informations » qu’on glisse entre petit-four et café et qui ne sont pas mentionnées formellement par écrit (le laboratoire ne peut en être responsable) elles sont le plus souvent complètement fantaisistes.        

 

POST-SCRIPTUM du 14/10/2010

Après avoir pris un seul comprimé de fluconazol 150 mg (Fongican) au prix de 21.80 DH il ya une semaine, et sans lui associer strictement aucun autre produit (ni ovule, ni pommade, ni antihistaminique), Mme Khadija est revenue aujourd'hui même radieuse, nous expliquant que la seule chose qui lui ai resté au travers de la gorge ce sont ces injections qu'elle ne supportait pas. Elle ne croyait pas si bien dire ...        

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